La tempête est là ! Tous aux abris.
Le président de la Fédération française de psychiatrie, Claude Gernez, titrait le précédent éditorial : « Avis de tempête ». La tempête est bien là, elle est même présente depuis de nombreuses années, notamment dans le secteur de la santé qu’il soit hospitalier ou non.
Pour l’hôpital, il est aisé de dater le début de la catastrophe en 2007, avec la tarification à l’activité (TAA) introduite dans le plan Hôpital 2007, et en 2008 avec la loi Hôpital, patients, santé territoires (HPST) qui a été à l’origine de l’organisation en pôles à l’hôpital et à la nomination des responsables de pôles ou d’unités fonctionnelles par les directeurs et non plus par le ministère de la Santé, mettant les médecins sous l’autorité des directeurs d’établissements hospitaliers. Quant aux pôles, comme tout regroupement d’unités plus petites, leur organisation ne pouvait qu’éloigner leurs responsables médicaux du « terrain ». D’ailleurs, pour la population, les pôles sont des unités au mieux abstraites, au pire inconnues ; seul le service avec son chef de service demeure dans les représentations collectives, ce qui est un bon marqueur de l’échec d’une réforme. Et pour se complaire dans le gigantisme, les groupements hospitaliers de territoire (GHT) sont devenus obligatoires en 2016, stratégie collective médico-soignante censée faciliter la coordination des professionnels pour améliorer l’accès aux soins comme le revendique les autorités de santé. Les GHT ont été l’occasion de doubler les instances hospitalières comme les commissions médicales de groupement et de concocter laborieusement des projets médicaux partagés. Donc une multiplication des réunions, des comités de pilotage alimentant à l’envi une copilite suraigüe. Sans oublier les autres réunions dites de travail pour préparer depuis une vingtaine d’années l’accréditation puis la certification. On est en droit de se demander, face à la crise hospitalière, quelle est la valeur ajoutée de la certification à la qualité des soins. Pourquoi ne pas évaluer l’évaluateur, que l’évaluateur soit notamment la HAS ou le Contrôle général des lieux de privation de liberté ? Oh ! Il ne s’agit pas d’élaborer des procédures aussi complexes que ces deux organismes (de toute façon, nous n’en avons pas le temps), mais quelques critères simples émis par les soignants (voire les administratifs s’ils osaient…) permettraient un regard « contradictoire ». Les médecins du CHU de Limoges ont bien montré l’exemple récemment en boycottant la visite de certification.